Mot du maire

Un scandale d'Etat

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" C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches " disait Victor Hugo.

Cette pensée pourrait bien être l'enseigne des EHPAD Privés lucratifs. S'il fallait encore convaincre de la nécessité de lutter contre la marchandisation de la santé, le cas des Ehpad offre une triste vitrine de ce que la voracité financière peut faire à la santé des populations. L'Etat aurait pu éviter cette catastrophe humanitaire, qu'il n'a ni anticipé ni détecté, si ce gouvernement, comme ceux qui se sont succédés depuis des décennies avaient pris au sérieux les alertes des professionnels et des experts.

C'est une honte pour la France. Il est affligeant, notamment dans le pays des Droits de l'Homme, qu'on puisse faire de l'argent en profitant de l'état de faiblesse de nos parents ou de nos grands-parents, qui plus est, dans des structures où le coût mensuel peut aller jusqu'à six fois celui d'un EHPAD associatif ou public.

Les médias se déchaînent, les candidats aux élections, la plupart ignorants du sujet, s'empressent de faire l'amalgame et de mettre en cause tous les EHPAD quel que soit leur mode de gestion. Recentrons le sujet : Le bien vivre de nos aînés est remarquable dans la grande majorité des EHPAD associatifs et/ou publics.

Les événements récents le démontrent à nouveau. La maltraitance est constatée dans ces établissements privés lucratifs où le profit des actionnaires priment sur la santé et le bien-être des résidents ; nous sommes face à la violence d'une politique essentiellement financière.

Mais la maltraitance peut apparaître également dans d'autres établissements et là, les causes sont bien différentes. Dans toutes les maisons de retraite relevant de financements des départements ou de l'ARS, il n'y a pas de soignants en nombre suffisant. En guise d'embauche, les établissements recrutent des personnels non qualifiés, qui, faute de diplôme ou en situation précaire, acceptent des salaires de misère. Or, le grand âge nécessite un savoir-faire et un savoir être professionnels. C'est cette pénurie de personnels qualifiés et l'insuffisance des effectifs qui, le plus souvent, sont la cause de maltraitance par manque de professionnels.

Quelques soient les structures, on se rend compte que tout cela repose sur le financement. D'un côté le profit des actionnaires, de l'autre l'insuffisance des dotations de l'état et des collectivités ajoutés à un défaut de surveillance par les institutions condamnables.

Et n'oublions pas les services à domicile où la situation n'est pas plus enviable. Comme les personnes sont isolées chacune dans son domicile, elles sont en fait invisibles pour la plupart d'entre nous.

Quelques soient les structures, le personnel des EHPAD et les aides à domicile doivent être reconnus à leur juste valeur.

Tous, de l'auxiliaire de vie à l'infirmière, font un travail remarquable avec empathie, chaleur et respect. Nous devons les féliciter.

Cette réflexion nous amène à considérer la nécessité de politiques associées au vieillissement sur la base de dispositifs favorisant le bien vieillir et le recul de la dépendance, ...

Ainsi le vieillissement devrait faire partie de tout programme politique et être intégré dans les documents d'urbanisme (SCOT, PLUi, ...), notamment par la possibilité de création de nouvelles formes d'habitat évolutif ou modulable avec intégration de la technologie moderne. Les dispositifs d'accompagnement, les structures d'accueil ne doivent pas être travaillés comme des obligations mais bien dans un cadre de complémentarité avec le dispositif et les outils mis en place pour le bien vieillir.

Notre politique et notre programme s'inscrivent totalement dans cette ambition. Une société se juge sur la manière dont elle traite ses anciens (vieux dicton).

Bien cordialement,

Jean-Marc Legagneur.

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